La distanciation sociale est d’une importance cruciale pour freiner la propagation du coronavirus. De nouvelles études démontrent toutefois que l’isolement social représente une menace en soi, non seulement pour notre santé mentale, mais aussi pour notre santé physique, et même pour la survie humaine.
Danilo Bzdok, chaire en IA Canada-CIFAR, participe à l’un des projets de recherche les plus ambitieux et les plus complets jamais consacrés aux effets de l’isolement social sur le cerveau.
M. Bzdok est professeur agrégé au Département de génie biomédical de la Faculté de médecine de l’Université McGill et membre du corps professoral de Mila, l’Institut québécois de recherche en intelligence artificielle. En collaboration avec Robin Dunbar, de l’université d’Oxford, l’équipe de recherche a mis à profit des procédés d’apprentissage automatique, dont des procédés ultramodernes de reconnaissance des formes et d’analyse prédictive, pour analyser les données de milliers de participants à diverses études de recherche.
M. Bzdok décrit ce projet comme une chance inédite d’étudier l’isolement social et ses effets sur la neurobiologie humaine à une vaste échelle.
« Le cerveau humain est tout à fait unique, et les interactions sociales ont façonné le parcours de l’être humain pendant des milliers d’années. Il nous faut mieux comprendre quelles sont les conséquences de l’isolement social », affirme-t-il.
Fonctions cérébrales, défenses immunitaires et réceptivité aux vaccins
L’isolement social a des répercussions importantes sur la faculté de raisonnement et la mémoire, ont découvert les chercheurs. Le sentiment de solitude à long terme engendré par l’isolement social accroît de ce fait le risque de maladies telles que la maladie d’Alzheimer, la démence et la dépression.
De fait, la qualité et la quantité de relations sociales qu’un individu cultive constituent des facteurs prédictifs importants de l’espérance de vie. Selon une méta-analyse regroupant 148 études épidémiologiques portant sur environ 300 000 personnes, les fumeurs qui n’ont pas de réseau de soutien ni de réseau social solide sont plus à risque d’être emportés par une maladie cardiaque que les personnes mieux intégrées socialement.
Les liens sociaux pourraient même influencer notre capacité à lutter contre la COVID-19 et d’autres types d’infections. Les personnes bien entourées possèdent en effet de meilleurs biomarqueurs de santé physiologique. Elles ont une pression artérielle systolique et un indice de masse corporelle moindres, ainsi que des taux inférieurs de protéine C réactive, le marqueur responsable de la gestion de l’inflammation. Les personnes ayant un vaste réseau social ont aussi un système immunitaire plus fort qui réagit mieux aux vaccins.
Les interactions sociales, clé de la survie humaine
Les personnes qui souffrent de solitude chronique risquent davantage de percevoir les signaux extérieurs comme plus négatifs qu’ils ne le sont en réalité, explique Danilo Bzdok. Cette perception peut se solder par des relations conflictuelles avec autrui. Ces personnes, poursuit M. Bzdok, ont tendance à se sentir de plus en plus isolées au fil du temps en raison de ces perceptions biaisées. Elles ont également tendance à graviter autour de personnes ayant un point de vue similaire – ce qui rend la solitude contagieuse.
Selon M. Bzdok, les interactions sociales constituent un ingrédient essentiel à la longévité et nous définissent en tant qu’êtres humains.
« Les interactions sociales sont ce qui fait la spécificité de l’espèce humaine, souligne-t-il. Les interactions et les échanges sociaux pourraient bien être la source d’information la plus importante pour les humains. Il va sans dire que la perte d’une grande partie de ces interactions sociales quotidiennes s’avère lourde de conséquences. »
Or, l’un des grands défis de l’après-COVID-19 est de maintenir les interactions sociales tout en gardant ses distances.
« En ces temps difficiles, nous devons accepter de faire les compromis nécessaires pour éviter de surcharger le système de santé en adoptant des mesures préventives de distanciation sociale, fait valoir M. Bzdok. Des études indiquent toutefois que les interactions sociales peuvent être compensées suffisamment par les technologies modernes, pourvu qu’il y ait une composante visuelle. »
Des plateformes telles que Zoom et FaceTime donnent la sensation subjective d’avoir des interactions sociales de grande qualité, plus encore que les seuls messages texte ou appels téléphoniques, précise-t-il. Des activités comme prendre un repas en famille ou entre amis, danser et entrer en contact physiquement les uns avec les autres jouent un rôle déterminant pour développer un sentiment d’appartenance à la communauté et contrer les effets néfastes de la distanciation sociale.
« Ce qui compte, c’est de s’adonner à des activités qui suscitent un sentiment d’interrelation et d’appartenance à la communauté », conclut Danilo Bzdok.
Lire l’article scientifique (en anglais)
Source : CIFAR
Les personnes qui souffrent de solitude chronique risquent davantage de percevoir les signaux extérieurs comme plus négatifs qu’ils ne le sont en réalité, explique Danilo Bzdok. Cette perception peut se solder par des relations conflictuelles avec autrui. Ces personnes, poursuit M. Bzdok, ont tendance à se sentir de plus en plus isolées au fil du temps en raison de ces perceptions biaisées. Elles ont également tendance à graviter autour de personnes ayant un point de vue similaire – ce qui rend la solitude contagieuse.
Selon M. Bzdok, les interactions sociales constituent un ingrédient essentiel à la longévité et nous définissent en tant qu’êtres humains.
« Les interactions sociales sont ce qui fait la spécificité de l’espèce humaine, souligne-t-il. Les interactions et les échanges sociaux pourraient bien être la source d’information la plus importante pour les humains. Il va sans dire que la perte d’une grande partie de ces interactions sociales quotidiennes s’avère lourde de conséquences. »
Or, l’un des grands défis de l’après-COVID-19 est de maintenir les interactions sociales tout en gardant ses distances.
« En ces temps difficiles, nous devons accepter de faire les compromis nécessaires pour éviter de surcharger le système de santé en adoptant des mesures préventives de distanciation sociale, fait valoir M. Bzdok. Des études indiquent toutefois que les interactions sociales peuvent être compensées suffisamment par les technologies modernes, pourvu qu’il y ait une composante visuelle. »
Des plateformes telles que Zoom et FaceTime donnent la sensation subjective d’avoir des interactions sociales de grande qualité, plus encore que les seuls messages texte ou appels téléphoniques, précise-t-il. Des activités comme prendre un repas en famille ou entre amis, danser et entrer en contact physiquement les uns avec les autres jouent un rôle déterminant pour développer un sentiment d’appartenance à la communauté et contrer les effets néfastes de la distanciation sociale.
« Ce qui compte, c’est de s’adonner à des activités qui suscitent un sentiment d’interrelation et d’appartenance à la communauté », conclut Danilo Bzdok.
Lire l’article scientifique (en anglais)
Source : CIFAR