La seconde vie de l’énergie

Conduits industriels jaunes sur un toit d'usine

Les grandes entreprises qui fabriquent les biens essentiels à notre quotidien, au Québec comme ailleurs, génèrent à elles seules près de 30 % des gaz à effet de serre mondiaux. C’est énorme, surtout sachant que ce n’est le fait que d’un petit nombre d’acteurs. Au Québec, une seule aluminerie rejette assez de chaleur au quotidien pour alimenter 20 000 foyers ! 

Local Energy, une startup Mila, transforme la manière dont les communautés et les industries gèrent l'énergie résiduelle en exploitant l'intelligence artificielle pour concevoir et opérer les réseaux énergétiques de demain. Leur solution logicielle permet aux usines au sein d’un même parc industriel d'échanger automatiquement leurs rejets énergétiques, à la manière d'un marché boursier, où les surplus d'énergie deviennent de véritables monnaies d'échange entre voisins. 

En mutualisant et en réutilisant ces flux énergétiques, toute la société profite. Le modèle de Local Energy permet aux sites industriels de monétiser leur chaleur résiduelle en formant des marchés énergétiques locaux (LEM) : ils réduisent ainsi leurs achats d’énergie, souvent de source fossile, et génèrent des revenus à long terme. Un seul projet permet d’éviter plus de 10 millions de tonnes de CO₂ sur vingt ans — l’équivalent de retirer 2,4 millions de voitures de la route. 

Nous nous sommes entretenus avec Léo Lamy-Laliberté, président et fondateur, et Simon Dufort-Labbé, directeur scientifique et doctorant à Mila.

Parlez-moi de votre rencontre dans le cadre de la cohorte Next AI. Qu’est-ce qui a mené Simon à embarquer sur votre projet ?

Simon : J’en étais à ma deuxième année comme scientifique en résidence chez Next AI. J’ai toujours eu un certain intérêt pour l’entrepreneuriat, et à force de côtoyer Local Energy, je me suis senti interpellé par la mission. C’est un projet pour lequel l’utilisation de l’IA peut avoir un impact majeur, véritablement innovant. J’ai aussi constaté qu’il y avait un besoin réel pour l’expertise que je pouvais apporter. Et puis, je me suis vite rendu compte que c’était une équipe super, avec qui j’avais envie de travailler.

Léo : De mon côté, chaque semaine, j’assistais aux masterclass de Simon, je lui posais plein de questions, et la cohésion s’est faite naturellement. On a vite réalisé que Simon pouvait apporter une solution unique à certains problèmes que nous et nos clients cherchions à résoudre.

Simon, comment ta participation à la cohorte d’entrepreneurs de Mila a-t-elle facilité ton intégration dans la startup ?

Simon : J’y ai participé pour mieux comprendre le monde de l’entrepreneuriat, en dehors de l’aspect technologique sur lequel j’étais auparavant très orienté. Ça m’a donné confiance et surtout une vue d’ensemble sur sa réalité, les dynamiques internes et les défis auxquels je devrai faire face.

Vous avez ensuite été acceptés comme Startup Mila. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?

Léo : Ça a été un vrai levier. L’accès aux ressources de Mila nous permet d’être plus innovants. Être reconnu comme Startup Mila, c’est un gage de confiance pour nos clients et cela ouvre la porte à de belles opportunités. Ça a eu un impact tangible pour nous, qui se reflète dans la confiance de nos partenaires envers notre capacité à pousser certaines solutions innovantes plus loin.

Les contraintes et les pressions dans le secteur énergétique évoluent rapidement. L’industrie doit se décarboniser rapidement, et cela passe par un soutien technologique qui n’est pas à la portée de tous. C’est un défi important et on croit maintenant être outillés pour offrir ce soutien, notamment grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Quel conseil donneriez-vous aux chercheur·euse·s de Mila qui songent à se lancer en entrepreneuriat ?

Simon : Je leur dirais de bien s’entourer. Il faut sortir de son cocon, de son environnement de recherche, aller parler à des gens, écouter ce qui se passe sur le terrain. C’est comme ça qu’on apprend et qu’on progresse.