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13 Mai 2021

Une nouvelle étude révèle une signature structurelle et fonctionnelle cérébrale chez les personnes qui disent manquer de soutien social

Danilo Bzdok — titulaire de la Chaire en IA-Canada CIFAR et chercheur au Neuro et à Mila — et ses collègues révèlent que le cerveau des individus dépourvus de soutien social possèdent des substrats neuronaux distincts qui les rendent plus vulnérables à la solitude, à la toxicomanie et au stress. Ces résultats, obtenus auprès de 40 000 participants recrutés à travers le Royaume-Uni, prolongent l’étude précédente des chercheurs qui montre qu’une signature neuronale pourrait refléter la façon dont nous réagissons aux sentiments de solitude et d’isolement.

En raison des mesures de distanciation sociales et du travail à distance provoqués par la pandémie actuelle, de plus en plus de personnes ont vu leurs liens sociaux se réduire, ayant ainsi un impact sur leur qualité de vie et un risque plus élevé de variété de conditions physiques et mentales. Le lien établi entre le sentiment d’appartenance sociale et la santé fait en sorte que la solitude est considérée comme un fléau mondial. La nouvelle étude d’imagerie génétique du chercheur de Mila et de ses collègues effectuée à  l’échelle de la population a évalué de manière systématique les effets du sentiment d’appartenance sociale et des amitiés sur le cerveau, lui conférant des substrats neuronaux particuliers qui permettent de distinguer un soutien social riche d’un soutien faible.

Ainsi, le Dr Bzdok, qui est professeur associé au département de génie biomédical de l’Université McGill, a dirigé une équipe internationale incluant des chercheurs de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), de l’Université de Vienne (Autriche), de l’Université de Miami (États-Unis), ainsi que de l’Institut Donders (Pays-Bas). Les chercheurs ont appliqué des algorithmes avancés d’apprentissage de modèles à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) à haute résolution, des données génétiques et des résultats d’autoévaluations psychologiques se rapportant à environ 40 000 hommes et femmes âgés de 40 à 69 ans qui ont accepté que les renseignements les concernant soient versés dans la biobanque du Royaume-Uni, base de données à laquelle les scientifiques en santé du monde entier ont librement accès. Les données d’IRM obtenues ont ensuite été utilisées pour comparer les participants ayant indiqué se confier quotidiennement à une personne de leur réseau proche avec ceux qui ne le font pas. 

Le Dr Bzdok et ses collègues ont observé des régions cérébrales distinctes centrées sur le réseau de saillance un ensemble de régions cérébrales impliquées dans la communication humaine, le comportement social et la conscience de soi qui sont en corrélation avec le niveau de soutien social dont une personne bénéficie régulièrement. De plus, les chercheurs ont identifié des connexions structurelles et fonctionnelles fiables du soutien social régulier des proches dans le système limbique. Leurs résultats montrent que les personnes bénéficiant d’un soutien social régulier constant et d’un sentiment d’appartenance sociale présentent une connectivité inter-réseaux accrue dans les réseaux de saillance et limbique, ce qui peut être associé à un couplage fonctionnel amélioré de ces systèmes cérébraux. 

« Les circuits neuronaux identifiés, qui sous-tendent l’isolement social étudié, sont étroitement liés au comportement de toxicomanie, à la solitude et à la résilience au stress, a expliqué le Dr Bzdok. L’information ainsi acquise pourrait aider à identifier de nouvelles pistes de prévention et des possibilités d’intervention médicale à l’avenir ».

Les données démographiques obtenues auprès d’hommes et de femmes âgés de plus de 40 ans ont également révélé des manifestations cérébrales d’un soutien social élevé par rapport à un soutien social faible qui étaient étroitement liées à la tension émotionnelle et à des facteurs liés à la santé et à la consommation de substances, notamment la difficulté à se lever le matin, ainsi que la consommation d’alcool, l’abus de tabac et une faible capacité d’amortissement du stress. En période d’incertitude alors que le monde continue à lutter contre la pandémie, la présente étude prolonge des recherches antérieures qui suggèrent que la connectivité sociale réduit le niveau général de détresse psychologique et d’anxiété. 

Renforçant et élargissant les recherches neuroscientifiques menées récemment par les auteurs qui ont exploré les rapports subjectifs de l’isolement, les résultats de leurs récents travaux soulignent le besoin critique de reconnaître l’essor de la solitude et l’importance de lutter contre ce problème de santé publique au sein de notre société. Selon le Dr Bzdok, « une compréhension approfondie des conséquences de l’isolement social sur la santé mentale et physique sera essentielle dans les années qui suivront la pandémie de COVID-19 ».

L’étude a été publiée dans la revue Cerebral Cortex le 13 mai 2021. Elle a été financée par la fondation Brain Canada, l’initiative Healthy Lives Healthy Brains, les Instituts de recherche en santé du Canada, les National Institutes of Mental Health des États-Unis, Google et le programme de chaires en IA Canada-CIFAR. Aucune divulgation.


Pour consulter l’étude : https://academic.oup.com/cercor/advance-article/doi/10.1093/cercor/bhab109/6274997

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Fondé par le professeur Yoshua Bengio de l’Université de Montréal, Mila est un institut de recherche en intelligence artificielle qui rassemble environ 500 chercheurs spécialisés dans le domaine de l’apprentissage profond. Basé à Montréal, Mila a pour mission d’être un pôle mondial d’avancées scientifiques qui inspire l’innovation et le développement de l’IA au profit de tous. Mila est une organisation à but non lucratif reconnue mondialement pour ses importantes contributions au domaine de l’apprentissage profond, en particulier dans les domaines de la modélisation du langage, de la traduction automatique, de la reconnaissance d’objets et des modèles générateurs.

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L’institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – est un chef de file mondial dans les domaines de la recherche sur le cerveau et des soins avancés. Depuis sa création en 1934 par le Dr Wilder Penfield, une sommité en neurochirurgie, il est devenu le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques au Canada, et l’un des plus grands sur la scène internationale. Conjuguant recherche, soins aux patients et formation des grands esprits de demain, le Neuro est particulièrement bien placé pour améliorer la connaissance et le traitement des affections du système nerveux. En 2016, il est devenu le premier établissement au monde à adopter sans réserve le concept de science ouverte en créant l’Institut de science ouverte Tanenbaum. Établissement de recherche et d’enseignement de l’Université McGill, l’Institut neurologique de Montréal s’inscrit dans la mission neuroscientifique du Centre universitaire de santé McGill. Pour en savoir plus, consultez le https://www.mcgill.ca/neuro/fr.